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Etude, promotion et sauvegarde du patrimoine de la province de Soule en Pays Basque, de la préhistoire à nos jours

Archives de la catégorie “Lieux de Soule”

Chemins et hôpitaux au Moyen-Age

Les Pyrénées ont toujours été une zone d’échanges. Après l’an Mil le flux des voyageurs et des marchandises augmente. Certes on est loin des milliers de camions et de voitures qui passent tous les jours en ce début de XXIe siècle sur la côte basque. Mais les caravanes d’ânes et de mulets, les chevaliers, les moines, les migrants venus parfois de loin traversaient les Pyrénées attirés par les richesses de l’Espagne, l’espoir de postes prestigieux ou d’une vie meilleure.

La vallée de Soule était-elle concernée par ces déplacements ?. Un certain nombre d’indices permettent de le penser. Les églises romanes sont nombreuses en Haute Soule. Des bâtisseurs venus de l’extérieur sont venus y travailler. Il y avait aussi des hôpitaux : l’Hôpital de Miséricorde (Hôpital-Saint-Blaise) et l’hôpital d’Ordiarp. Il en existait peut être d’autres près de Mauléon à Berraute et à
Larrau. En 1122, le roi d’Aragon Alphonse le Batailleur traverse le Béarn puis la Soule avant de se rendre dans son royaume de Navarre.
D’autres chevaliers ont certainement emprunté cet itinéraire. Beaucoup de ces voyageurs étaient considérés comme des pèlerins car ils visitaient les sanctuaires qu’ils trouvaient sur leur
route.

On croit aujourd’hui que ces hôpitaux ont été créés pour les pèlerins de Compostelle et que la Soule était traversée par un « chemin de saint-Jacques ». Les dernières recherches historiques démontrent qu’il n’en est rien. Ces pèlerins ont été en réalité beaucoup moins nombreux qu’on le croit et si certains sont passés en Soule c’est plutôt entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle. Une enquête de 1623 dit au sujet d’Ordiarp « ce lieu est à l’écart du chemin droit des pèlerins, [et] on n’y voit que de rares pèlerins venus du Languedoc ou de Toulouse ».

L’Hôpital-Saint-Blaise étape sur la route de piémont

La Soule a joué un certain rôle dans les échanges transpyrénéens au XIIe siècle et peut être au début du XIIIe. Mais par la suite, les flux se sont déplacés plus à l’ouest. Le développement de Bayonne et des ports de la côte basque, la construction de solide ponts de pierre sur les gaves Béarnais ont attiré les marchands et les autres voyageurs.
L’Hôpital-Saint-Blaise ou Ordiarp ne sont pas développés. Ils sont restés de modestes villages qui ont conservé leur église romane.

Pour aller plus loin :

L’Hôpital-Saint-Blaise, histoire, art et croyances sur les routes pyrénéennes du XIIe au XIXe siècle par Robert Elissondo, éditions Atlantica 2009.

R.E.

Les usurpateurs d’Arangorena

Sur le territoire d’Ordiarp, Arangorena est le quartier le plus éloigné du village. Au pied du versant nord du massif des Arbailles, couvert de sombres forêts, le versant sud est encore partiellement cultivé. Vers l’ouest le col de Naphal est occupé chaque automne par un vaste filet pour la capture des palombes. Le chemin qui monte en faisant des lacets est un très ancien chemin de transhumance.

C’est là vers 1780 que plusieurs paysans sans terre décident de s’installer. La Soule vit alors une véritable explosion démographique. La population a été peut être multipliée par 4 depuis le début du
XVIIème siècle. Les terres disponibles ne suffisent pas à nourrir cette population de plus en plus nombreuse. Sur les versants et dans les vallées les plus accessibles les occupations de terre et les
défrichements se multiplient. Les bordes isolées se transforment en maisons. Tout cela est plus ou moins légal et plus ou moins bien accepté par les maîtres des maisons déjà existantes. A Ordiarp, l’installation des cinq « colons » d’Arangorena suscite la colère des habitants, et plus particulièrement celle des familles les plus aisées qui envoyaient les troupeaux les plus considérables sur les versants des collines et à la montagne. Les terres défrichées étaient leurs terrains de parcours. Un procès est engagé. En 1783, les habitants d’Ordiarp se rendent en force sur les lieux pour abattre les clôtures. L’année suivante deux des usurpateurs se rendent à pied à Versailles demander au roi la propriété des terres défrichées. Est-ce pour le remercier que l’une des maisons est appelée « Erregia »: roi? Après plusieurs décennies de procès, les défrichements sont légalisés au milieu du XIXème siècle. Ces terres si disputées il y 200 ans étaient les dernières disponibles et donc les plus difficiles. Il fallait beaucoup de courage pour labourer ou récolter le fourrage sur ces pentes abruptes. Aujourd’hui une partie est retournée à la friche.

Robert Elissondo

Cheminée baroque au château de Maytie à Mauléon

Lorsqu’on s’arrête à la place des Allées de Mauléon, on ne peut manquer de remarquer l’hôtel de Maytie, cette grande demeure flanquée de quatre tours et couverte par un toit d’une hauteur remarquable.

Elle fut construite au tout début du XVIIème siècle par Arnaud de Maytie, certainement le personnage marquant de l’histoire de la Soule à cette époque. Héritier d’une noble lignée souletine, qui pendant les guerres de religions s’était opposé à la Réforme protestante, Arnaud était devenu évêque d’Oloron et mettait toute son énergie pour restaurer le culte catholique.

Il fit construire cette demeure dans ce qui était alors la campagne, aux portes de Mauléon. La construction a gardé quelques caractères médiévaux, mais c’est avant tout un monument de la fin de la Renaissance, qu’on peut aussi qualifier de « baroque ».

Parmi les nombreux trésors que le visiteur peut découvrir à l’intérieur se trouve cette grande cheminée.
Edifiée en pierre avec des élèments de décor en stuc, elle est probablement l’oeuvre d’artistes italiens itinérants. On a pas conservé leurs noms, mais cette oeuvre témoigne de leur remarquable talent. On y trouve tous les caractères de l’art de la Renaissance : l’organisation rigoureuse, la recherche d’harmonie et d’équilibre des différentes parties, l’inspiration antique des drapés
et des corps. Les deux personnages féminins de part et d’autre du manteau seraient la déesse Démeter et sa fille Perséphone. Perséphone aurait perdu sa tête un jour d’émeute en 1661, quand Matalas et ses paysans révoltés envahirent le château. Deux puttis -enfants joufflus- tiennent une couronne de lauriers au dessus du monogramme AM, les initiales d’Arnaud de Maytie. Le portrait placé au dessus est celui de son petit neveu qui fut lui aussi évêque d’Oloron, pendant le règne de Louis XIV.

Cette cheminée monumentale a moins une fonction utilitaire qu’une fonction politique. Comme l’ensemble du monument, elle est une oeuvre à la gloire de la famille de Maytie. Le luxe du décor, l’habileté des artistes, les emprunts à l’art italien qui était alors tellement à la mode, tout cela dans une province éloignée, ne pouvaient qu’impressionner les visiteurs. Arnaud de Maytie n’a résidé que peu de temps dans le château qu’il avait fait construire. Mais celui-ci est resté la propriété de sa famille, et ce sont ses descendants qui aujourd’hui encore l’habitent et l’ouvrent au public.

Visites du 1er juillet au 20 septembre.
Horaires: matin : 11h ; aprés midi : 15h, 16h15 et 17h 30.
Jours de fermeture: le jeudi et le dimanche matin.

Pour les groupes, accueil toute l’année sur réservation.Tel: 05 59 28 04 18 – Fax: 05 59 28 19 67

Robert Elissondo

Les anciennes forges de Larrau

Voilà un aspect bien oublié de notre passé. La Soule comme la plupart des vallées pyrénéennes a été un pays de mines et de métallurgie. Plusieurs filons de minerai de fer ont été exploités en Haute Soule : à Montory, Haux, Bostmendietta et Burkegi à Larrau. Entre 1740 et 1870 plusieurs forges ont fonctionné à Haux, Atherey, licq et la plus importante à Larrau.

A quelques kilomètres en contrebas du village, au bord du ruisseau sur la route d’Irati on devine cachés par la végétation, des vestiges de bâtiments. Il y avait là une véritable usine employant jusqu’à 150 personnes.

Des ruines enfouies dans la végétation. Voilà tout ce qui reste des forges de Larrau

La forge d’Udoipeia-c’est son véritable nom- a probablement commencé à travailler vers 1730-1740. Le minerai de fer provenait des montagnes de Haute Soule et était transporté à dos de mulet ou à dos d’homme. Le ruisseau fournissait l’énergie pour les martinets qui battaient le fer. Pour la fonte et le travail du métal, il fallait d’importantes quantités de charbon de bois. Celui-ci était produit dans les forêts des montagnes de Haute Soule par des dizaines de charbonniers. Avant la révolution, la forge consommait chaque année l’équivalent de 7 hectares de forêt!

Les méthodes de fabrication du métal sont au début très archaïques. Pendant des heures il faut chauffer le minerai avec des soufflets, marteler le produit de la fonte pour obtenir une petite masse de fer de mauvaise qualité. Des améliorations sont apportées progressivement. Peu avant 1789 un système de soufflerie beaucoup plus puissant fonctionne grâce à une chute d’eau. En 1836-1837 on construit un haut fourneau de 10 mètres de haut. Les gestionnaires de la forge font appel à des ouvriers qualifiés venus de Navarre, et plus tard de Franche-Comté. Une petite société très multiculturelle vit autour des forges. On y parle français et les divers dialectes basques. C’est dans ce milieu très ouvert que naît Clémence Richard (1830-1915) amie puis épouse de Lucien Bonaparte, et qui a participé à ses travaux sur la langue basque.

Malgré les améliorations techniques et la qualité de la main-d’oeuvre, la forge de Udoipeia n’a que rarement connu la prospérité. Les difficultés de l’exploitation était multiples : un minerai de qualité médiocre extrait loin de l’atelier, en montagne, dans des filons vite épuisés ; les caprices du climat : en 1800, un violent orage détruit le site. Le métal produit, en faible quantité, devait être acheminé à Tardets à 20 km de là à dos de mulet. L’arrivée du chemin de fer et des produits métallurgiques de la grande industrie moderne a vite eu raison des forges pyrénéennes. Celle de Larrau a cessé de fonctionner en 1870.

Source : site minier de Burkegi et site
métallurgique d’Udoipeia à Larrau
par Eric Dupré
et Christian Saint-Arroman dans la revue Ikuska n°6 1994

Pour une description précise du travail de la forge de Larrau avant la Révolution voir Description des gîtes de minérai et des bouches à
feu de la France
par M. le baron De Dietrich. 1786-1800. 3 vol. Voir tome 1 p. 447 et suivantes : description des minerais et forges de Soule et de Basse Navarre.

Robert Elissondo

Un village fortifié de la fin de la préhistoire : Maidekoralia

Sur la route qui mène d’Alçay à Ahusqui un modeste panneau indique la piste qui conduit au col et à la vallée d’Oxibar, la Vallée du Loup. On est sur le versant sud-est du massif des Arbailles. Le paysage apparaît sauvage et austère : on devine que l’agriculture peine à se maintenir au milieu de ces versants rocheux. Pour tout promeneur curieux, c’est un site passionnant.

La colline de Maidekoralia d’après le site geoportail.fr

La vallée d’Oxibar n’est qu’un reste tronqué d’une grande vallée qui, il y a plusieurs millions d’années, descendait des abords du massif d’Irati. L’érosion en a fait disparaître toute la partie supérieure. C’est devenu une vallée sèche crevée de dolines où l’écoulement souterrain des eaux a multiplié gouffres et grottes.

A partir du col, en montant vers l’est, on peut gagner un petit sommet partiellement boisé d’où l’on a une belle vue sur « Ibareskuin », « la vallée de droite » avec ses nombreux petits villages. Le nom de cette colline « Maidekoralia » rappelle des personnages de la mythologie basque qui auraient vécu là. On voit encore très distinctement un long amas de pierre qui ceinture presque le sommet, manifestement oeuvre de la main de l’homme. C’est en réalité le reste d’une enceinte proto-historique. Le Pays basque compte une soixantaine de camps protohistoriques, la Soule une quinzaine. Celui-ci offre la particularité d’être entouré d’un mur de pierre. On appelle protohistoire cette époque de la fin de l’antiquité où des peuples vivaient encore dans la préhistoire alors que d’autres -notamment autour de la Méditerranée- développaient de prestigieuses civilisations dotées d’une culture écrite. Les habitants de la vallée de la Soule n’était alors que de modestes éleveurs qui ne connaissaient ni l’écriture ni l’organisation étatique.

Des sondages réalisés entre 1984 et 1986 par le Général Gaudeul ont permis d’en connaître un peu plus sur leur mode de vie. On a découvert des traces de feu, de tessons de poteries, un fragment de fibule, un peson de métier à tisser.

Ces modestes vestiges prouvent qu’il y avait à cet endroit dans les deux siècles précédant notre ère, sinon un village, du moins un campement durable.

Un fragment de poterie qu’on peut dater du 1er siècle avant J.C.

Sources : Francis Gaudeul : les enceintes protohistoriques dans Le Pays de Soule, Editions Izpegui.

Voir aussi : Georges Fabre Carte archéologique de la Gaule  : Pyrénées-Atlantiques.

Découverte de peintures baroques à l’église d’Espès

Samedi 8 mars, à l’initiative de l’association des amis du Musée basque de Bayonne, une cinquantaine de personnes ont pu visiter l’église d’Espès au milieu de ses travaux de restauration. On a pu admirer une partie du plafond de bois couvert de peintures dont personne, jusque là, ne connaissait l’existence.


La petite église était auparavant décorée de grandes bandes de toile peintes qui lui donnaient un air de théâtre. Lorsqu’on a commencé à déposer ces tissus pour restauration, on s’est aperçu que derrière il y avait ces peintures.


Elles représentent les moments les plus importants de la vie du Christ. Elles ont manifestement une mission pédagogique : instruire le peuple des vérités de la foi. On peut voir aussi une représentation très curieuse du soleil et de la lune. La date proposée est le début du XVIIème siècle. C’était une époque de restauration du culte catholique après les guerres de religion. Les églises abandonnées ou pillées étaient à nouveau meublées et décorées.

Détail du plafond de bois peint de l’église paroissiale d’Espès. début du XVIIème siècle.

Quelques détails suggèrent aux spécialistes que ces peintures ont été fortement inspirées par l’ordre des Jésuites. Le personnage assis au premier plan à la table du dernier repas de Jésus ressemble beaucoup à un mandarin chinois. Or les Jésuites ont tenté de convertir la Chine, et certains se sont fortement imprégnés de sa culture millénaire.


Pourquoi a-t’on caché ces peintures ? Mme Edith Imbert, notre guide ce jour-là, a relié ce mystère à l’expulsion des Jésuites, décidée en France en 1764. Les peintures rappelaient trop leur présence et on les a masquées par des toiles pour les faire oublier plus vite.


Les planches qui couvrent le plafond et constituent le support à la peinture ont besoin d’une restauration : elles sont déposées une par une pour être consolidées. Le maire de la commune espère que le chantier sera terminé à la fin de 2008 et que le public pourra alors admirer l’oeuvre dans son intégralité. Nous souhaitons à la municipalité nouvellement élue du courage et de la détermination pour hâter la fin des travaux et mettre au point une mise en valeur digne de la qualité de cette oeuvre qui enrichit singulièrement le patrimoine de la Soule. Les toiles seront restaurées aussi et présentées dans la nef. Rappelons que dans la même commune, l’église d’Undurein possède un retable du début du XVIIIème siècle du plus grand intérêt et qui a bénéficié comme le décor intérieur d’Espès d’une mesure de classement par l’administration des Monuments historiques.


R.E.

La coupole hispano-mauresque de l’Hôpital-Saint-Blaise

L’église de l’Hôpital Saint Blaise s’élève au milieu d’un minuscule village entouré de bois. C’était à l’origine une halte sur un chemin qui reliait Oloron à la Basse Navarre par la Soule. Ce chemin était aussi utilisé par les chevaliers, les marchands, les migrants qui se rendaient en Espagne. La plupart étaient aussi des pèlerins qui faisaient halte dans les sanctuaires situés à proximité de leur chemin. La construction du monument a débuté vers 1148 et s’est achevée au début du XIIIème siècle.  C’est donc la plus tardive des églises romanes de Soule. Malgré sa petite taille elle est un témoignage précieux des influences artistiques qui se rencontraient sur les chemins entre la France et la péninsule ibérique. C’est ce qui a justifié son classement au Patrimoine mondial de l’humanité en 1998.

La coupole comme d’autres éléments architecturaux de l’église rappelle l’art de l’Espagne médiévale, une Espagne qui était alors divisée entre Islam et chrétienté. Le modèle original est une coupole de la Mosquée de Cordoue édifiée au Xème siècle. D’autres édifices ont copié ce modèle, d’abord des mosquées, puis des églises. Que pouvait évoquer pour ses bâtisseurs cette coupole ornée de huit arcs entrecroisés? Ils ne pensaient probablement ni à Cordoue ni à Saint-Jacques. Peut être s’agit-il d’une référence à Jérusalem et au Saint sépulcre. On y trouve aussi une coupole ouverte à son sommet. Les huit arcs évoqueraient la résurrection.

Robert Elissondo

La Chapelle de l’Hôpital

Soucieux de la conservation du Patrimoine souletin, les membres de l’association et en particulier Mmes Michèle Etchegoyhen (présidente de l’association) et Christine de Fabrègues, en collaboration avec la ville de Mauléon, veillent à la préservation, la mise en valeur et à l’accessibilité de la chapelle de l’hôpital durant les travaux de modernisation de l’établissement mauléonais.

La chapelle de Berraute à la fin du XIXème siècle

Au milieu du cimetière de Mauléon on peut encore voir aujourd’hui la chapelle de Berraute, vestige de ce qui fut l’ancienne église paroissiale. C’était peut être à l’origine, un relai sur le chemin qui reliait le Béarn à la Navarre en passant par la Soule.

Possession des hospitaliers peut être depuis le XIIIème siècle, puis de l’ordre de Malte. Au XVIIème siècle, on trouve la mention d’une commanderie « Saint Blaise des Monts » qui est en fait un autre nom pour la commanderie de Berraute. A côté de l’église se trouvait l’hospice devenu plus tard l’hôpital général Saint Louis en 1715, puis l’hôpital de Mauléon.

Comme on peut le voir sur la photo, le bâtiment est déjà très dégradé à la fin du XIXème siècle. Il est démoli en 1910, à l’exception du choeur. Ce bâtiment attend encore aujourd’hui une affectation définitive.

Robert Elissondo

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