Voilà un aspect bien oublié de notre passé. La Soule comme la plupart des vallées pyrénéennes a été un pays de mines et de métallurgie. Plusieurs filons de minerai de fer ont été exploités en Haute Soule : à Montory, Haux, Bostmendietta et Burkegi à Larrau. Entre 1740 et 1870 plusieurs forges ont fonctionné à Haux, Atherey, licq et la plus importante à Larrau.
A quelques kilomètres en contrebas du village, au bord du ruisseau sur la route d’Irati on devine cachés par la végétation, des vestiges de bâtiments. Il y avait là une véritable usine employant jusqu’à 150 personnes.

Des ruines enfouies dans la végétation. Voilà tout ce qui reste des forges de Larrau
La forge d’Udoipeia-c’est son véritable nom- a probablement commencé à travailler vers 1730-1740. Le minerai de fer provenait des montagnes de Haute Soule et était transporté à dos de mulet ou à dos d’homme. Le ruisseau fournissait l’énergie pour les martinets qui battaient le fer. Pour la fonte et le travail du métal, il fallait d’importantes quantités de charbon de bois. Celui-ci était produit dans les forêts des montagnes de Haute Soule par des dizaines de charbonniers. Avant la révolution, la forge consommait chaque année l’équivalent de 7 hectares de forêt!
Les méthodes de fabrication du métal sont au début très archaïques. Pendant des heures il faut chauffer le minerai avec des soufflets, marteler le produit de la fonte pour obtenir une petite masse de fer de mauvaise qualité. Des améliorations sont apportées progressivement. Peu avant 1789 un système de soufflerie beaucoup plus puissant fonctionne grâce à une chute d’eau. En 1836-1837 on construit un haut fourneau de 10 mètres de haut. Les gestionnaires de la forge font appel à des ouvriers qualifiés venus de Navarre, et plus tard de Franche-Comté. Une petite société très multiculturelle vit autour des forges. On y parle français et les divers dialectes basques. C’est dans ce milieu très ouvert que naît Clémence Richard (1830-1915) amie puis épouse de Lucien Bonaparte, et qui a participé à ses travaux sur la langue basque.
Malgré les améliorations techniques et la qualité de la main-d’oeuvre, la forge de Udoipeia n’a que rarement connu la prospérité. Les difficultés de l’exploitation était multiples : un minerai de qualité médiocre extrait loin de l’atelier, en montagne, dans des filons vite épuisés ; les caprices du climat : en 1800, un violent orage détruit le site. Le métal produit, en faible quantité, devait être acheminé à Tardets à 20 km de là à dos de mulet. L’arrivée du chemin de fer et des produits métallurgiques de la grande industrie moderne a vite eu raison des forges pyrénéennes. Celle de Larrau a cessé de fonctionner en 1870.
Source : site minier de Burkegi et site
métallurgique d’Udoipeia à Larrau par Eric Dupré
et Christian Saint-Arroman dans la revue Ikuska n°6 1994
Pour une description précise du travail de la forge de Larrau avant la Révolution voir Description des gîtes de minérai et des bouches à
feu de la France par M. le baron De Dietrich. 1786-1800. 3 vol. Voir tome 1 p. 447 et suivantes : description des minerais et forges de Soule et de Basse Navarre.
Robert Elissondo