Au congrès de la tradition basque en 1897, Charles Bordes évoque ce personnage : « improvisateur digne du nom de poète, assez mauvais sujet, a composé des centaines de chansons satiriques. J’ai nommé Topet Etxahun de Barcus, célèbre dans toutes les auberges du Pays basque… et même au tribunal de Saint Palais ».
Poète populaire donc à l’état brut. Si les bourgeois l’ont ignoré, le peuple a transmis ses chansons jusqu’à nous. Il y a la légende: écrits du père Lhande en 1923, de l’abbé Picochet. la pastorale de 1953 s’est inspirée de ces écrits et de la mémoire populaire souvent infidèle.
Il faudra attendre la remarquable thèse de Jean Haritschellar en 1968 pour mieux connaître la réalité.

Vous allez de Barcus à la Madeleine et à Tardets. Quelques kilomètres, un pont à gauche et une rude montée. Un kilomètre plus haut une plaque. Ici à gauche était la maison de Pierre Topet : Etxahunia ( la bonne maison).
A écouter ses longs et superbes poèmes autobiographiques, il fut un malheureux, un maudit, mal aimé de toute sa famille « Amak idor bihotza bai eta thitia » «mère au coeur sec, et le sein aussi ». Traité comme un « bastart » (batard en béarnais), forcé à travailler durement malgré sa faiblesse. On l’obligea à quitter celle qu’il aimait sous la menace de le déshériter. Bref, le malheureux des
malheureux!
Il eut une vie tumultueuse, désordonnée, violente : un mariage forcé ; un coup de hache ; un coup de fusil ; une affaire de faux louis ; la grange de son ennemie brûlée ; les tribunaux de Saint Palais et de Pau : la prison ; le faux testament ; les fuites ; les pèlerinages ; une vieillesse errante.
A côté de ses longues élégies, il a produit des chants ironiques, satiriques. Son esprit plein de finesse y envoie son venin. Mais il y a parfois de la gentillesse.
La grande obsession de sa vie : être un personnage important un « primu » (héritier), maître d’une maison, propriétaire respecté.
En 1953 Lohidoy fut le « sujet » (rôle principal) de la pastorale consacrée à Etxahun. J’aimais beaucoup : « un sauvage chanté par un « sauvage ».
J’entends par « sauvages » ces fleurs qui poussent dans les champs et dans les bois, sans soin, et qui sont si belles miraculeusement.
Un grand poète paysan chantant pour son peuple.

Le paysage que pouvait voir de chez lui Pierre Topet Etxahun.
Pour aller plus loin
Etxahun Barkoxe du poète populaire au mythe littéraire de Jean Casenave
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/06/54/89/PDF/Etxahun-Barkoxe.pdf
Les poèmes de topet Etxahun en texte intégral dans le site Bertso eta olerkien hemeroteka (en basque uniquement)
http://urkiza.armiarma.com/cgi-bin/urkiza/EBMODEGI.pl?Letra=T&Egile=6131
P.P. Dalgalarrondo